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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/265

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la malice des épouses (le marchand…)
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lui dit : » Le salam sur toi, ô père des volailles, que m’apportes-tu aujourd’hui ? » Il répondit : « Un coquelet, ô ma maîtresse, qui est un excellent sujet, coquet et grassouillet, tout jeunet et guilleret, solide sur ses jarrets, et coiffé d’un rouge bonnet orné d’un beau toupet, qui n’a pas son pareil parmi les poulets, et que je t’offre, si tu me le permets ! » Et l’adolescente dit : « Je permets ! je permets ! » Il dit : « Je le mets ! je le mets ! » Et ils firent exactement, ô mon seigneur, avec le coquelet du marchand de volailles, ce qui avait eu lieu avec la canne à sucre des batailles. Après quoi l’homme se leva, et se secoua, et s’en alla en sa voie.

Tout cela ! Et l’astronome voyait et entendait. Et voici qu’au bout de quelques instants entra un homme qu’il reconnut aussitôt pour le chef des âniers du quartier. Et l’adolescente courut à lui, et l’accola, en lui disant : « Qu’apportes-tu aujourd’hui à ta cane, ô père des ânes ? » Il dit : « Une banane, ô ma maîtresse, une banane ! » Elle dit, riant : « Qu’Allah te damne, ô gros crâne ! Où est cette banane ? » Il dit : « Ô sultane, ô douée de peau tendre et diaphane, je l’ai reçue de mon père, cette banane, quand il était conducteur de caravane, et c’est mon seul héritage avec ma cabane ! » Elle dit : « Je ne vois, dans ta main, que ta canne de conducteur d’ânes ! Où est la banane ? » Il dit : « C’est un fruit, ô sultane, qui craint l’œil des profanes, et qu’on cache de peur qu’il ne se fane. Mais le voici qui plane ! le voici qui plane ! »

Tout cela ! Mais avant que fût mangée la banane, ô mon seigneur, l’astronome, qui avait tout vu et