Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
les mille nuits et une nuit

le faire enterrer comme s’il était mort de sa mort naturelle, sans que personne puisse se douter de la vérité ! » Et elle répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Et Ali Baba, la laissant réfléchir à la situation, monta chez la veuve de Kassim.

Or, déjà il avait une telle mine qu’en le voyant entrer l’épouse de Kassim se mit à pousser des hurlements de travers. Et elle s’apprêta à s’écorcher les joues, à s’arracher les cheveux et à se déchirer les habits. Mais Ali Baba sut lui raconter l’événement avec tant de ménagement, qu’il réussit à éviter les cris et les lamentations qui pussent ameuté les voisins et provoqué un émoi dans tout le quartier. Et, avant de lui donner le temps de savoir si elle devait hurler ou si elle devait ne pas hurler, il ajouta : « Allah est généreux, et m’a donné la richesse au delà de mes besoins. Si donc, dans ce malheur sans remède qui t’atteint, quelque chose est encore capable de te consoler, je t’offre de joindre les biens qu’Allah m’a envoyés à ceux qui t’appartiennent, et à te faire entrer désormais dans ma maison en qualité de seconde épouse. Et tu trouveras ainsi en la mère de mes enfants une sœur aimante et attentive. Et ensemble nous vivrons tous dans la tranquillité, en parlant des vertus du défunt ! » Et, ayant ainsi parlé, Ali Baba se tut, attendant la réponse. Et Allah éclaira, à ce moment, le cœur de l’ancienne vendue de l’entremise, et la débarrassa de ses tares. Car Il est le Tout-Puissant ! Et elle comprit la bonté d’Ali Baba et la générosité de son offre, et consentit à devenir sa seconde épouse. Et elle devint réellement, par suite de son mariage avec cet homme