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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/314

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les mille nuits et une nuit

celeuse qui a fait marcher les choses avec une célérité sans pareille. Il est vrai toutefois, mon fils, que si on me bandait les yeux de nouveau, je pourrais peut-être retrouver la maison, en me guidant sur certaines remarques que j’ai faites en marchant et en palpant toutes choses sur ma route. Car tu dois savoir, ô savant derviche, que l’homme voit avec ses doigts tout aussi bien qu’avec ses yeux, surtout s’il n’a pas la peau dure comme le dos du crocodile. Et, pour ma part, j’ai parmi les clients dont je chausse les pieds honorables, plusieurs aveugles plus clairvoyants, grâce à l’œil qu’ils ont au bout de chaque doigt, que le maudit barbier qui me rase la tête chaque vendredi en me tailladant le cuir atrocement, — qu’Allah le lui fasse expier…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT CINQUANTE-SEPTIÈME NUIT

Elle dit :

»… Et, pour ma part, j’ai parmi les clients dont je chausse les pieds honorables, plusieurs aveugles plus clairvoyants, grâce à l’œil qu’ils ont au bout de chaque doigt, que le maudit barbier qui me rase la tête chaque vendredi en me tailladant le cuir atrocement, — qu’Allah le lui fasse expier ! » Et le derviche--