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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/33

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histoire de gerbe-de-perles
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Hassân, engagé dans les aventures et emporté dans le moulin de la complication ! » Et je songeai, malgré moi, à cette parole du poète :

Le bras blanc si doux de la bien-aimée, qui te semble plus moelleux, pour y reposer ton front, que le duvet des cygnes, examine-le bien et prends garde !

Et je restai longtemps pensif, à regarder, sans la voir, l’eau du fleuve, et toute ma vie sans heurt et si doucement monotone du passé défila devant mes yeux, dans des barques successives et toutes semblables, au fil de cette eau. Et soudain reparut devant mes yeux la barque, tendue de pourpre, où avait pris place la jeune fille, amarrée maintenant au bas de l’escalier de marbre, et vide de ses rameurs. Et je m’écriai : « Hé, par Allah ! n’as-tu pas honte de ta vie somnolente, ya Abou’l Hassân ? Et comment oses-tu hésiter entre cette pauvre vie-là et la vie ardente que mènent ceux qui ne redoutent point la complication ? Et ne connais-tu donc point cette autre parole du poète :

« Lève-toi, ami, et secoue ta torpeur. La rose du bonheur ne fleurit pas dans le sommeil. Ne laisse point passer sans les brûler les instants de cette vie. Tu auras ensuite des siècles pour dormir. »

Et réconforté par ces vers, et par le souvenir de l’émouvante jeune fille, je résolus, maintenant que je savais où elle habitait, de ne rien négliger pour