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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/333

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histoire d’ali baba…
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l’arme, elle leur dit d’une voix tranquille : « Ô mes maîtres, louanges à Allah qui a dirigé le bras d’une faible jeune fille pour vous venger du chef de vos ennemis ! Voyez si ce mort n’est pas le marchand d’huile, le capitaine des voleurs lui-même avec son propre œil, l’homme qui ne voulait pas goûter le sel sacré de l’hospitalité ! » Et, parlant ainsi, elle dépouilla de son manteau le corps gisant, et fit voir sous sa longue barbe et le déguisement dont il s’était affublé pour la circonstance, l’ennemi qui avait juré leur destruction.

Lorsqu’Ali Baba eut reconnu de la sorte, dans le corps inanimé de hagg Hussein, le marchand d’huile maître des jarres et chef des voleurs, il comprit qu’il ne devait, pour la seconde fois, son salut et celui de toute sa famille qu’au dévouement attentif et au courage de la jeune Morgane. Et il la serra contre sa poitrine et l’embrassa entre les deux yeux, et lui dit, les larmes aux yeux : « Ô Morgane, ma fille, veux-tu, pour mener mon bonheur à ses limites, entrer définitivement dans ma famille en épousant mon fils, le beau jeune homme que voici ? » Et Morgane baisa la main d’Ali Baba et répondit : « Sur ma tête et mes yeux ! »

Et le mariage de Morgane avec le fils d’Ali Baba fut célébré sans retard, devant le kâdi et les témoins, au milieu des réjouissances et des divertissements. Et l’on enterra secrètement le corps du chef des voleurs dans la fosse commune qui avait servi de sépulture à ses anciens compagnons, — qu’il soit maudit !

Et, après le mariage de son fils…