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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/41

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histoire de gerbe-de-perles
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pas douter, allait être la cause de ma mort par noyade ou par empalement. Et, retenant mon souffle, j’attendais de voir sortir de la bouche de cette adolescente effarouchée les cris d’appel qui allaient faire de moi un objet de pitié et un exemple du châtiment réservé aux amateurs de complications. Et voici que les jeunes lèvres remuèrent sous le pan de mousseseline, et la voix qui en sortit était charmante et me disait : « Sois le bienvenu dans mon appartement, ô Abou’l Hassân, puisque tu es celui qui aime ma sœur Gerbe-de-Perles, et qui en est aimé ! » Et moi, à ces paroles inespérées, ô mon seigneur, je me jetai la face contre terre entre les mains de l’adolescente, et lui baisai le bas des vêtements, et me couvris la tête de son voile protecteur. Et elle me dit : « La bienvenue et la longue vie aux hommes généreux, ya Abou’l Hassân ! Que tu as excellé dans tes procédés avec ma sœur Gerbe-de-Perles ! Et comme tu es sorti à ton avantage des épreuves auxquelles elle t’a soumis ! Aussi, elle ne cesse de me parler de toi et de la passion que tu as su lui inspirer. Tu peux donc bénir ta destinée qui t’a poussé chez moi, alors qu’elle aurait pu te conduire à ta perte, déguisé comme tu es sous cet habillement du khalifat. Et tu peux être tranquille à ce sujet, car je vais tout arranger pour que rien n’arrive que ce qui est marqué du cachet de la prospérité ! » Et moi, ne sachant comment la remercier, je continuai à lui baiser en silence le pan de sa tunique. Et elle ajouta : « Seulement, ya Abou’l Hassân, je voudrais, avant d’intervenir dans ton intérêt, être bien fixée sur tes intentions à l’égard de ma sœur. Car il ne faut pas qu’il y