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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/70

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les mille nuits et une nuit

couverte des mets les plus délicats dans des plats d’or massif. Et il lui offrit de ses propres mains les morceaux de choix. Et Haroun trouva que l’accommodement de ces mets était extraordinaire.

Puis, le repas fini, le jeune homme prit Haroun par la main et le mena dans une troisième salle plus richement meublée que les deux autres. Et des esclaves, plus beaux que les précédents, apportèrent une prodigieuse quantité de vases d’or incrustés de pierreries et pleins de toutes sortes de vins, ainsi que de larges tasses de porcelaine remplis de confitures sèches, et des plateaux couverts de pâtisseries délicates. Et, pendant qu’Aboulcassem servait son convive, il entra des chanteuses et des joueuses d’instruments, qui commencèrent un concert qui eût sensibilisé le granit. Et Haroun, à la limite du ravissement, se disait : « Certes ! dans mes palais j’ai des chanteuses aux voix admirables, et même des chanteurs comme Ishak qui n’ignorent rien des ressources de l’art, mais personne ne saurait prétendre entrer en comparaison avec celles-ci ! Par Allah ! comment un simple particulier, un habitant de Bassra, a-t-il pu faire pour réunir un tel choix de choses parfaites ? »

Et tandis que Haroun était particulièrement attentif à la voix d’une almée dont la douceur l’enchantait, Aboulcassem sortit de la salle et revint un moment après, tenant d’une main une baguette d’ambre et de l’autre un petit arbre dont la tige était d’argent, les branches et les feuilles d’émeraudes et les fruits de rubis. Et sur le sommet de cet arbre était perché un paon d’or d’une beauté qui glo-