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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/74

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les mille nuits et une nuit

si étrange manière. Aussi dès que le jeune homme fut revenu dans la salle, il lui dit, en se levant : « Ô généreux Aboulcassem, je suis, en vérité, bien confus de la façon dont tu m’as traité, sans connaître mon rang et ma condition. Permets-moi donc de me retirer et de te laisser en repos, sans abuser plus longtemps de ta munificence. » Et le jeune homme ne voulut point, par crainte de le gêner, s’opposer à son dessein, et, lui ayant fait une révérence d’un air gracieux, le conduisit jusqu’à la porte de son palais en lui demandant pardon de ne l’avoir pas reçu aussi magnifiquement qu’il le méritait.

Et Haroun reprit le chemin de son khân, en pensant avec amertume : « Quel homme plein d’ostentation que cet Aboulcassem ! Il se fait un plaisir d’étaler ses richesses aux yeux des étrangers, pour satisfaire son orgueil et sa vanité. Si c’est là de la largesse de paume, je ne suis plus qu’un insensé et un aveugle. Mais non ! Dans le fond, cet homme n’est qu’un avare, et un avare de la plus détestable espèce. Et Giafar saura bientôt ce qu’il en coûte de tromper son souverain par le plus vulgaire mensonge ! »

Et, tout en réfléchissant de la sorte, Al-Rachid arriva à la porte du khân. Et il aperçut dans la cour d’entrée un grand cortège en forme de croissant, composé d’un nombre considérable de jeunes esclaves blancs et noirs, les blancs d’un côté et les noirs de l’autre. Et au centre du croissant se tenait la belle adolescente au luth, qui l’avait enchanté au palais d’Aboulcassem, avec, à sa droite, l’aimable enfant chargé de la coupe de rubis, et, à sa gauche,