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les mille nuits et une nuit

libéralité ? Que les bénédictions du Très-Haut soient sur ta tête, ô mon vizir Giafar, toi qui es cause que je sois revenu de mon faux orgueil et de ma suffisance ! Voici qu’en effet un simple particulier, sans se donner la moindre peine et sans que cela ait l’air de le gêner en quelque chose, vient de l’emporter en générosité et en munificence sur le plus riche monarque de la terre ! » Il dit. Puis, soudain se reprenant, il pensa : « Oui, par Allah ! mais comment se fait-il qu’un simple particulier puisse faire de pareils présents, et où a-t-il pu se procurer ou trouver tant de richesses ? Et comment est-il possible que, dans mes états, un homme mène une vie plus fastueuse que celle des rois sans que je sache par quel moyen il est arrivé à un tel degré de richesse ? Certes ! il faut que, sans tarder, même au risque de paraître importun, j’aille l’engager à me découvrir comment il a pu faire une fortune si prodigieuse ! »

Et aussitôt Al-Rachid, dans son impatience de satisfaire sa curiosité, laissant dans le khân ses nouveaux esclaves et ce qu’ils lui apportaient, retourna au palais d’Aboulcassem. Et lorsqu’il fut en présence du jeune homme, il lui dit, après les salams :

« Ô mon généreux maître, qu’Allah augmente sur toi Ses bienfaits et fasse durer les faveurs dont tu es comblé ! Mais les présents que m’a faits ta paume bénie sont si considérables, que je crains, en les acceptant, d’abuser de ma qualité de convive et de ta générosité sans égale. Permets donc que, sans crainte de t’offenser, il me soit loisible de te les renvoyer, et que, charmé de ton hospitalité, j’aille publier à Baghdad, ma ville, ta magnificence ! » Mais Aboul-