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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/87

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le trésor sans fond
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dans la voix : « Ô mon fils, tu retrouves en moi un père plus riche qu’Abdelaziz — qu’Allah soit satisfait de lui ! — et qui n’aura pas moins d’affection pour toi. Comme je n’ai point d’enfant ni d’espérance d’en avoir, je t’adopte. Ainsi, ô mon fils, calme ton âme et rafraîchis tes yeux, car, si Allah veut, tu vas oublier près de moi tes malheurs passés ! »

Et, ayant ainsi parlé, il m’embrassa et me serra contre son cœur. Puis il m’obligea à jeter mon plateau d’osier avec son contenu, ferma sa boutique et, me prenant par la main, me conduisit dans sa demeure, où il me dit : « Demain nous partirons pour la ville de Bassra, qui est également ma ville et où je veux vivre avec toi désormais, ô mon enfant ! »

Et, de fait, le lendemain nous prîmes ensemble le chemin de Bassra, ma ville natale, où nous arrivâmes sans encombre, grâce à la sécurité d’Allah. Et tous ceux qui me rencontraient et me reconnaissaient se réjouissaient de me voir devenu le fils adoptif d’un si riche marchand.

Quant à moi, il n’est pas besoin de te dire, seigneur, que je m’attachai de toute mon intelligence et de tout mon savoir à plaire au vieillard. Et il était charmé de mes complaisances à son égard, et me disait souvent : « Aboulcassem, quel jour béni que celui de notre rencontre à Baghdad ! Comme ma destinée est belle qui t’a mis sur ma route, ô mon enfant ! Et comme tu es digne de mon affection, de ma confiance et de ce que j’ai fait pour toi et pense faire pour ton avenir ! » Et, moi, j’étais si touché des sentiments qu’il me marquait que, malgré la différence d’âge, je l’aimais véritablement et allais au--