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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/135

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histoire de la jouvencelle…
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a pu se trouver mêlée au nombre des esclaves qu’on vend et qu’on achète, alors qu’il serait impossible d’évaluer sa rançon, même si on entassait devant elle tous les trésors cachés des mines et toutes les richesses souterraines et marines qu’Allah Très-Haut a enfouies au cœur des éléments ? »

Et Tohfa, à ces paroles, sourit et dit : « Ô mon seigneur, l’histoire de Tohfa, ta servante, est une étrange histoire ; et son cas est fort surprenant ; car s’il était écrit avec les aiguilles sur le coin intérieur de l’œil, il servirait d’enseignement au lecteur attentif. Et un jour prochain, si Allah veut, je te conterai cette histoire, qui est celle de ma vie et de ma venue à Baghdad. Mais qu’il te suffise pour aujourd’hui de savoir que je suis une prise de Maghrébin, et que j’ai vécu au milieu des Maghrébins. » Et elle ajouta : « Je suis entre tes mains, prête à te suivre au palais de l’émir des Croyants ! »

Et Ishak, qui était d’un caractère réservé et délicat, se garda bien d’insister pour en savoir plus long, et, se levant, il frappa dans ses mains, et ordonna aux esclaves qui accoururent à ce signal de préparer les vêtements de sortie pour leur maîtresse Tohfa. Et aussitôt elles ouvrirent les grands coffres à vêtements, et en tirèrent tout un lot de merveilleuses robes rayées en soie de Nishabour, parfumées aux essences volatiles, et légères au toucher et à la vue. Et elles tirèrent également des cassettes à bijoux un assortiment de joyaux agréables à regarder. Et elles vêtirent la jouvencelle, leur maîtresse, de sept robes superposées de couleurs différentes, et la semèrent de pierreries, et la rendirent semblable à une belle idole chinoise.