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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/140

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les mille nuits et une nuit

le khalifat ! » Et Giafar s’écria : « Par la vie de ta tête, ô mon seigneur, tu dis vrai ! Cette jouvencelle est la voleuse des esprits ! » Et Ishak dit : « En vérité, ô émir des Croyants, je ne fais point difficulté de le reconnaître, d’autant plus que, en l’entendant la première fois, j’avais déjà très nettement senti, tout de suite, que tout mon art et ce qu’Allah m’avait réparti de talent, n’étaient plus rien à mes propres yeux. Et je m’étais écrié : « Ô Ishak, c’est aujourd’hui pour toi le jour de la confusion ! » Et le khalifat dit : « Alors, c’est bien. »

Puis il pria Tohfa de recommencer le même chant. Et, l’ayant à nouveau entendue, il se récria de plaisir et se trémoussa. Et il dit à Ishak : « Par les mérites de mes ancêtres ! tu m’as apporté là un présent qui vaut l’empire du monde. » Puis, n’en pouvant plus d’émotion, et ne voulant point paraître trop expansif devant ses compagnons, le khalifat se leva et dit à Massrour, l’eunuque : « Ô Massrour, lève-toi et conduis ta maîtresse Tohfa à l’appartement d’honneur du harem. Et veille à ce qu’elle ne manque de rien. » Et le castrat porte-glaive sortit en emmenant Tohfa. Et le khalifat, avec des yeux humides, la regarda s’éloigner dans sa démarche de gazelle, ses ornements et ses robes rayées. Et il dit à Ishak : « Elle est habillée avec goût. D’où lui viennent-elles, ces robes dont je n’ai point vu les pareilles dans mon palais ? » Et Ishak dit : « Elles lui viennent de ton esclave, par l’effet de tes générosités sur ma tête, ô mon seigneur. Elles sont un présent qui lui vient de toi par mon entremise. D’ailleurs, par ta vie ! tous les présents du monde n’existent plus, compa-