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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/149

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histoire de la jouvencelle…
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Et lorsque, grâce à l’air vif, elle fut revenue de son évanouissement, elle se vit dans une vaste prairie, si pleine de fleurs et de fraîcheur qu’on croyait voir une robe légère peinte de belles couleurs. Et au milieu de cette prairie s’élevait un palais, haut en tours dans les airs, et flanqué de cent quatre-vingts portes de cuivre rouge. Et sur le seuil de la porte principale se tenaient les chefs des genn, habillés de beaux vêtements.

Et lorsque ces chefs eurent aperçu le cheikh Éblis, il crièrent tous : « Voilà sett Tohfa qui s’avance ! » Et, dès que le cheval se fut arrêté devant la porte, ils se pressèrent tous autour d’elle, l’aidèrent à mettre pied à terre, et la portèrent au palais en baisant ses mains. Et, à l’intérieur, elle vit une grande salle faite de quatre salles qui se suivaient, où les murs étaient d’or et les colonnes d’argent, une salle à rendre poilue la langue qui en essaierait la description. Et, tout au fond, on voyait un trône d’or rouge rehaussé de perles marines. Et on la fit asseoir, en grande pompe, sur ce trône. Et les chefs des genn vinrent se ranger sur les marches du trône, autour d’elle et à ses pieds. Et ils étaient, quant à l’aspect, semblables aux fils d’Adam, sauf deux d’entre eux qui avaient une figure épouvantable. Car chacun de ces deux-là n’avait qu’un œil au milieu de la tête, fendu en long, et des crocs projetés en avant comme ceux des cochons sauvages.

Et quand chacun eut pris la place due à son rang, et que tout le monde fut tranquille, on vit s’avancer une jeune reine, gracieuse et belle, dont la face était si brillante qu’elle éclairait la salle autour d’elle. Et