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les mille nuits et une nuit

femme pour une autre femme ? Et comment le concombre peut-il pousser, du jour au lendemain, avec sa garniture, là où le terrain n’est pas disposé pour sa culture ? » Et je frappai mes mains l’une dans l’autre de surprise, et je dis à l’adolescente : « Ô ma maîtresse, par Allah ! je ne comprends rien à l’affaire de ta grâce ! Explique-la-moi d’abord en détail, par le commencement. Car, ouallahi ! je n’ai jamais entendu dire que d’ordinaire les biches soupiraient pour les biches et les poules pour les poules ! » Et elle me dit : « Tais-toi, ô capitaine, car c’est là un mystère d’amour, et peu de personnes sont faites pour le comprendre…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT TRENTE-HUITIÈME NUIT

Elle dit :

« … Tais-toi, ô capitaine, car c’est là un mystère d’amour, et peu de personnes sont faites pour le comprendre. Qu’il te suffise de savoir que je compte sur toi pour m’aider à pénétrer chez le kâdi ; et, ce faisant, tu auras acheté la gratitude d’une femme qui ne t’oubliera pas. » Et moi, entendant cela, je m’émerveillai à l’extrême, et pensai : « Hé, ouallahi, ô maître Moïn, te voilà maintenant choisi comme proxénète