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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/215

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histoire de baïbars… (le 1er capitaine…)
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beauté ! Béni soit le sein qui l’a portée, et louanges au Créateur qui l’a moulée dans le moule de la perfection ! » Et je compris un peu comment une telle adolescente pouvait en subjuguer une autre, semblable à elle, car je me dis : « Le bouton de rose se penche parfois vers le bouton de rose, et le narcisse vers le narcisse ! » Et j’étais si parfaitement heureux de cette trouvaille, que j’eusse voulu la soumettre sans retard à l’adolescente prodigieuse, afin qu’elle me donnât l’approbation et ne me considérât pas comme un tout à fait dénué de pensées délicates et de discernement.

Or, nous arrivâmes de la sorte jusqu’à la cuisine, accompagnés du kâdi plus furieux que jamais, sans rien trouver de suspect, et sans découvrir aucune trace ni aucun vestige de la femme.

Alors moi, selon les instructions de ma docte maîtresse, je feignis d’avoir grandement honte de mon procédé arbitraire, et je m’excusai devant le kâdi qui jubilait de mon embarras ; et je m’humiliai devant lui. Mais tout cela était ans le but de ne pas dévoiler le coup préparé. Et le kâdi à l’esprit épais ne manqua pas de se laisser prendre dans le filet de l’araignée, et profita de cette occasion pour m’accabler de ce qu’il croyait être son triomphe. Et il me dit : « Eh bien, insolent et fils de menteur, et menteur toi-même de génération en génération, que sont maintenant devenues tes accusations menaçantes et tes imputations offensantes ? Mais sois tranquille, tu verras bientôt ce qu’il en coûte de manquer de respect à l’égard du kâdi de la ville ! » Et moi, pendant ce temps, appuyé à une énorme jarre