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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/272

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les mille nuits et une nuit

sous ta protection, pardonne-moi cette fois ! » Il lui dit : « Et toi, m’as-tu épargné devant ta tante ? Et m’as-tu laissé de l’honneur ? Non ! Je ne puis t’épargner. Par où faut-il que je commence, pour te manger ? » Elle lui répondit : « Puisqu’il faut absolument que tu me manges, c’est que c’est dans ma destinée. Mais, aujourd’hui, je suis sale ; et le goût de ma chair sera mauvais dans ta bouche. Il vaut donc mieux que tu me conduises d’abord au hammam pour que je me lave à ton intention. Et quand je sortirai du bain, je serai blanche et douce. Et la saveur de ma chair sera délicieuse dans ta bouche. Et tu pourras alors me manger, en commençant par où tu voudras. » Et le ghoul répondit : « Ça, c’est vrai, ô Dalal ! »

Et, à l’heure et à l’instant, il lui présenta une grande cuvette de bain, et des linges de hammam. Puis il alla chercher un ghoul de ses amis qu’il changea en baudet blanc, et lui-même se transforma en conducteur d’âne. Et il mit Dalal sur le baudet, et sortit avec elle dans la direction du hammam du premier village, en portant la cuvette de bain sur sa tête.

Et, en arrivant au hammam, il dit à la femme gardienne : « Voici pour toi, comme cadeau, trois dinars d’or, afin que tu fasses prendre un bon bain à cette dame, fille de roi. Et tu me la rendras comme je te l’ai confiée. » Et il remit Dalal à la portière, et sortit et s’assit dehors, devant la porte du hammam.

Et Dalal entra dans la première salle du hammam, qui était la salle d’attente, et s’assit sur le banc de marbre, toute seule et triste, à côté de sa cuvette d’or et de son paquet de vêtements précieux, pen-