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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/320

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les mille nuits et une nuit

Môhammad — la bénédiction soit sur ce nom là ! Et l’enfant se mit à croître et à grandir, intelligent dans les sciences et doué d’une belle voix.

Puis la reine accoucha d’un second fils, qu’ils appelèrent Ali, et qui se mit à croître maladroit et malhabile en toutes choses. Après quoi elle devint encore enceinte, et accoucha d’un troisième fils, nommé Mahmoud, qui se mit à croître et à grandir idiot et stupide.

Or, au bout de dix ans, le Maghrébin vint chez le roi et lui dit : « Donne-moi mon fils. » Et le roi dit : « Bien. » Et il alla chez son épouse, et lui dit : « Le Maghrébin est venu nous demander notre fils aîné. » Et elle répondit : « Jamais ! Donnons-lui Ali le maladroit. » Et le roi dit : « Bien. » Et il appela Ali le maladroit, le prit par la main, et le donna au Maghrébin, qui l’emmena et s’en alla.

Et il marcha avec lui sur les routes, au milieu de la chaleur, jusqu’à midi. Puis il lui demanda : « Est-ce que tu n’as ni faim ni soif ? » Et le garçon répondit : « Par Allah ! est-ce là une question ? Comment veux-tu qu’après une demi-journée passée sans manger ni boire je n’aie ni faim ni soif ? » Alors le Maghrébin fit : « Hum ! » et prit le garçon par la main et le ramena à son père, en lui disant : « Celui-ci n’est pas mon fils. » Et le roi lui demanda : « Et quel est ton fils ? » Il répondit : « Fais-les-moi voir tous les trois, et je prendrai mon fils. » Alors le roi appela ses trois fils. Et le Maghrébin étendit la main et prit Môhammad, l’aîné, qui était précisément l’intelligent, le doué d’une belle voix. Puis il s’en alla.