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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/96

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les mille nuits et une nuit

Or, à cela, il ne répondit rien. Mais un jour il attrapa une cigogne qui était grande et belle, douée d’ailes magnifiques qui la faisaient voler bien haut dans le ciel, et d’un bec merveilleux, terreur des oiseaux, et de deux tiges de lis pour pattes. Et, l’ayant prise, il monta sur sa terrasse, en présence de ceux-là qui lui avaient fait des reproches, et, avec un couteau, il lui coupa les magnifiques plumes des ailes, et le long bec merveilleux, et les charmantes pattes si fines, et, la poussant du pied dans le vide, il lui dit : « Vole ! vole ! » Et ses amis, scandalisés, lui crièrent : « Qu’Allah te maudisse, ô Goha ! Pourquoi cette folie ? » Et il leur répondit : « Cette cigogne m’ennuyait et pesait sur ma vue parce qu’elle n’était pas comme les autres oiseaux. Mais je l’ai rendue maintenant semblable à tout le monde. »

— Et, un autre jour, il dit à ceux qui l’entouraient : « Ô musulmans, et vous tous qui êtes ici présents, savez-vous pourquoi Allah Très-Haut le Généreux — qu’Il soit glorifié et remercié ! — n’a point donné d’ailes au chameau et à l’éléphant ? » Et ils se mirent à rire, et répondirent : « Non, par Allah ! nous ne le savons pas, ô Goha ! Mais toi, à qui rien n’est caché des sciences et des mystères, hâte-toi de nous le dire, pour que nous nous instruisions. » Et Goha leur dit : « Je vais vous le dire. C’est parce que si le chameau et l’éléphant avaient des ailes, ils s’abattraient de tout leur poids sur les fleurs de vos jardins et les écraseraient. »

— Et, un autre jour, un ami de Goha vint frapper