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histoire de la rose marine…
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lement sorti, ce jour-là, pour chasser le daim. Et la fatalité voulut que, malgré toute l’immensité de cette forêt, il passât près de son fils. Et, sans le reconnaître, son regard tomba sur lui. Et, à l’instant, la faculté de voir disparut de ses yeux. Et il devint le prisonnier du royaume de la nuit.

Et, ayant alors compris que sa cécité avait été causée par la rencontre du jeune cavalier, et que ce jeune cavalier ne pouvait être que son fils, il dit, en pleurant : « D’ordinaire les yeux du père qui regarde son fils deviennent plus lumineux. Mais les miens, par la volonté du sort, en sont à jamais aveuglés. »

Après quoi il fit convoquer dans son palais les plus grands médecins du siècle, et ceux qui, pour le savoir, dépassaient Ibn-Sina, et les consulta sur les moyens de guérir sa cécité. Et tous, après s’être concertés et interrogés, s’accordèrent à déclarer au roi que cette cécité n’était point guérissable par les moyens ordinaires. Et ils ajoutèrent : « Le seul remède pour recouvrer la vue est tellement difficile à avoir, qu’il est préférable de ne pas même y songer. Car c’est la rose marine cultivée par l’adolescente de Chine…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.