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les mille nuits et une nuit

Et elles convinrent entre elles par serment de se dire en toute vérité, et sans rien dissimuler, ce qu’étaient leurs époux, bons ou mauvais.

Et la première prit la parole et dit : « Mon homme à moi ? laid et inabordable, semblable à une viande de lourd chameau qui serait juché au sommet d’une montagne de difficile accès. Et, avec cela, si maigre et si desséché qu’on ne lui trouverait pas un brin de moelle dans les os. Paillasson usé ! »

Et la deuxième femme yéménite dit : « Le mien ! je ne devrais réellement pas en dire un mot. Car en parler seulement, me répugne. Animal intraitable, pour une parole que je lui réponds, vite il me menace de me répudier ; et si je me tais, il me bouscule et me tient comme portée sur la pointe nue d’un fer de lance. »

Et la troisième dit : « Pour moi, voici mon charmant mari : s’il mange, il lèche jusqu’au fond des plats ; s’il boit, il suce jusqu’à la dernière goutte ; s’il s’accroupit, il se ramasse et se blottit comme un paquet sur lui-même ; et s’il lui arrive de tuer un animal pour vous en nourrir, il tue toujours le plus sec et le plus décharné. Quant au reste, c’est moins que rien : il ne glisserait pas sa main sur moi, même pour seulement savoir comment je me porte. »

Et la quatrième dit : « Le fils de mon oncle, éloigné soit-il ! Masse pesante sur mes yeux et sur mon cœur, la nuit, le jour ! Réservoir de défectuosités, extravagances et folies. Il vous allonge pour rien un coup à la tête ; ou bien il vous pointe et déchire le ventre ; ou bien il rue contre vous ; ou bien, tout à