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les mille nuits et une nuit

des rois de l’Yémen, il fit distribuer tout le butin entre des Musulmans, sans distinction. Et chacun eut pour sa part, entre autres choses, une toile rayée de l’Yémen. Et Omar eut sa part exactement comme le moindre de ses soldats. Et il se fit faire un vêtement neuf avec cette pièce de toile rayée de l’Yémen, qui lui était échue en partage ; et, ainsi vêtu, il monta dans la chaire de Médine et harangua les Musulmans pour une nouvelle expédition contre les infidèles. Mais voici qu’un homme de l’assemblée se leva et l’interrompit dans sa harangue, lui disant : « Nous ne t’obéirons pas. » Et Omar lui demanda : « Pourquoi cela ? » Et l’homme répondit : « Parce que, quand tu as fait le partage égal des toiles rayées de l’Yémen, chacun des Musulmans en a eu une pièce, et toi-même en as eu également une seule pièce. Or, cette pièce n’a pas pu suffire pour te faire l’habit complet dont nous te voyons vêtu aujourd’hui. Si donc tu n’avais pas pris, à notre insu, une part plus considérable que celle que tu nous as donnée, tu n’aurais pas pu avoir la robe que tu portes, alors surtout que tu es d’une grande taille. » Et Omar se retourna vers son fils Abdallah, et lui dit : « Ô Abdallah, réponds à cet homme. Car sa remarque est juste. » Et Abdallah, se levant, dit : « Ô Musulmans, sachez que lorsque l’émir des Croyants, Omar, a voulu se faire coudre un habit de sa pièce de toile, elle s’est trouvée insuffisante. En conséquence, comme il n’avait pas de robe convenable pour s’en vêtir en ce jour, je lui ai donné une partie de ma pièce de toile pour compléter son habit. » Puis il s’assit. Alors l’homme, qui avait