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les lucarnes… (omar le séparateur)
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— sur lui les grâces les plus choisies ! — put vendre pour vingt mille drachmes, à des marchands syriens, le lambeau qui lui était échu en partage.

— Et ce fut également lors de l’invasion de la Perse, que le satrape Harmozân, qui avait résisté avec le plus de courage aux guerriers musulmans, consentit à se rendre, mais en s’en remettant à la personne même du khalifat pour prononcer sur son sort. Or, Omar se trouvait à Médine ; et Harmozân fut donc conduit en cette ville, sous la garde d’une escorte commandée par deux émirs des plus valeureux d’entre les Croyants. Et, arrivés à Médine, ces deux émirs, voulant faire valoir aux yeux d’Omar l’importance et le rang de leur prisonnier persan, lui firent revêtir le manteau brodé d’or et la haute tiare étincelante, que portaient les satrapes à la cour des Khosroès. Et, ainsi paré des insignes de sa dignité, le chef persan fut amené devant les marches de la mosquée, où le khalifat était assis sur une vieille natte, à l’ombre d’un portique. Et, averti par les rumeurs du peuple de l’arrivée de quelque personnage, Omar leva les yeux, et vit devant lui le satrape vêtu avec toute la pompe usitée au palais des rois persans. Et, de son côté, Harmozân vit Omar, mais se refusa à reconnaître le khalifat, le maître du nouvel empire, en cet Arabe vêtu d’habits rapiécés et assis seul, sur une vieille natte, dans la cour de la mosquée. Mais bientôt Omar, ayant reconnu en ce prisonnier l’un de ces orgueilleux satrapes qui avaient si longtemps fait trembler, d’un froncement de leur regard, les tribus les plus fières de l’Arabie,