Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/155

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les lucarnes… (omar le séparateur)
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… Et le chef persan répondit : « Je crains qu’on ne profite du moment où je boirai pour me donner la mort. » Mais Omar lui dit : « Qu’Allah nous garde de mériter de tels soupçons ! Tu es en sûreté jusqu’à ce que cette eau ait rafraîchi tes lèvres et étanché ta soif. » À ces mots du khalifat, l’adroit Persan jeta le vase à terre et le brisa. Et Omar, lié par sa propre parole, renonça généreusement à l’inquiéter. Et Harmozân, touché de cette grandeur d’âme, s’ennoblit de l’Islam. Et Omar lui fixa une pension de deux mille drachmes.

— Et, lors de la prise de Jérusalem, — qui est la ville sainte d’Issa, fils de Mariam, le plus grand prophète avant l’arrivée de notre seigneur Môhammad (sur Lui la prière et la paix !) et vers le temple de laquelle se tournaient primitivement les croyants pour la prière — le patriarche Sophronios, chef du peuple, avait consenti à capituler, mais sous la condition que le khalifat en personne viendrait prendre possession de la cité sainte. Et, informé du traité et des conditions, Omar se mit en marche. Et l’homme qui était le khalifat d’Allah sur la terre, et qui avait fait courber devant l’étendard de l’Islam la tête des potentats, quitta Médine sans gardes, sans suite, monté sur un chameau qui portait deux sacs, dont l’un contenait de l’orge pour la bête, et l’autre des dattes. Et devant lui était un plat de bois, et derrière lui, une outre remplie d’eau. Et marchant jour et nuit, ne s’arrêtant que pour faire la prière, ou pour rendre la justice au sein de quelque tribu rencontrée sur son passage, il arriva ainsi à