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les lucarnes… (la chanteuse sallamah…)
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MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUATRE-VINGT-UNIÈME NUIT

Elle dit :

… Et m’eût-elle demandé de l’usnée humaine, que je fusse allé lui en chercher dans tous les crânes de pendus, dans tous les os mousseux du monde.

Et c’est moi, précisément, qui ai composé, en souvenir d’elle, ce chant, musique et paroles, quand son maître Ibn Ghamîn fut parti pour le pèlerinage, l’emmenant avec lui ainsi que ses autres esclaves.

Ô Ibn Ghamîn ! quel état de chagrin que celui d’un amant malheureux que tu as laissé mort, bien qu’il vive encore.

Tu lui as donné en breuvage les deux affreuses amertumes, coloquinte et absinthe pontique.

Ô chamelier de l’Yémen qui conduisais la caravane, tu m’as brisé, homme sinistre !

Tu as séparé des cœurs comme on n’en vit jamais, tu les as consternés avec ton aspect de buffle sauvage.

Mais, quoi qu’il en soit de mon chagrin d’amour, mon sort n’est tout de même point comparable en noirceur à celui d’un autre amoureux de la Bleue, Yézid ben Aûf, le changeur.

Un jour, en effet, le maître de Sallamah s’avisa