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les lucarnes… (la favorite du destin)
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vivant sans cesse près de moi comme une calamité, un rival dangereux, fût-il mon frère. » Et Khaïzarân lui répondit : « Ô émir des Croyants, ce sont là les illusions et les faussetés du sommeil ; des visions mauvaises occasionnées par les mets échauffants. Ô mon fils, rarement un songe est véridique. » Et elle continua à lui parler de la sorte, approuvée par les regards des assistants. Et elle fit si bien qu’elle réussit à calmer Al-Hadi et à faire s’évanouir ses craintes. Et alors elle fit paraître Al-Rachid, et lui fit prêter serment que jamais il n’avait eu dans l’idée le moindre projet de révolte ou la moindre ambition, et que jamais il ne tenterait rien contre l’autorité khalifale.

Et, après ces explications, la colère d’Al-Hadi disparut. Et il retourna à la coupole où il avait laissé sa favorite avec Ishâk. Et il congédia le musicien et resta seul avec la belle Ghâder, à s’égayer, à se réjouir et à se laisser pénétrer des délices mêlées de la nuit et de l’amour. Et voici que tout à coup il se sentit une vive douleur aux plantes des pieds. Et il porta aussitôt sa main à l’endroit douloureux qui le démangeait, et le frotta. Et, en quelques instants, une petite tumeur s’y forma, qui grossit jusqu’au volume d’une noisette. Et elle s’irrita, accompagnée d’intolérables démangeaisons. Et il la frotta de nouveau ; et elle s’accrût jusqu’au volume d’une noix, et finit par crever. Et aussitôt Al-Hadi tomba à la renverse, mort.

Or, la cause de cela était que Khaïzarân, pendant les quelques instants que le khalifat était resté chez elle, après la réconciliation, lui avait donné à boire