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les lucarnes… (le collier funèbre)
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levant soudain, elle se jeta à mes pieds, en s’écriant : « Tu es Hâchem ben Soleïmân, je le jure par le Seigneur de la kâaba ! » Et, comme je n’étais pas moins ému que la jeune fille, et que je ne répondais pas, le khalifat me demanda : « Es-tu vraiment celui qu’elle dit ? » Et je répondis, en me découvrant alors la figure : « Oui, ô émir des Croyants, je suis ton esclave Hâchem le Tabarien ! »

« Et le khalifat fut extrêmement satisfait de me connaître, et me dit : « Loué soit Allah qui t’as mis sur mon chemin, ô fils de Soleïmân. Cette jeune fille t’admire plus que tous les musiciens de ce temps, et ne me chante jamais autre chose que tes chants et tes compositions ! » Et il ajouta : « Je veux que désormais tu sois mon ami et mon compagnon ! » Et je le remerciai et lui baisai la main.

« Puis la jeune fille, qui avait chanté, se tourna vers le khalifat et lui dit : « Ô émir des Croyants, à cause de ce moment heureux, j’ai une demande à te faire ! » Et le khalifat dit : « Tu peux la faire ! » Elle dit : « Je te supplie de me permettre de rendre hommage à mon maître, en lui offrant un gage de ma gratitude. » Il répondit : « Certes ! il le faut. » Alors la charmante chanteuse dénoua le magnifique collier qu’elle portait, et dont lui avait fait cadeau le khalifat, et me le mit au cou, en me disant : « Accepte-le comme le don de ma reconnaissance, et excuse-moi pour le peu ! » Et c’était précisément ce collier-ci, que je reçois aujourd’hui de nouveau en présent de ta générosité, ô émir des Croyants !

« Or, maintenant, voici comment ce collier est parti de ma main, pour me revenir aujourd’hui…