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les lucarnes… (les deux danseuses)
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Je suis un voile candide pour cacher le baiser des bouches amoureuses.

Je suis d’un précieux secours pour la chanteuse qui ouvre la bouche, et pour le poète qui récite des vers.

Et sur l’éventail de la seconde danseuse étaient peints, également en lettres d’or et d’azur, les vers que voici :

Je suis vraiment charmant dans la main des belles, aussi mon séjour de prédilection est-il le palais du khalifat.

Que celles qui sont en désaccord avec la grâce et l’élégance renoncent à m’avoir pour ami !

Mais j’accorde aussi avec plaisir mes caresses au jouvenceau souple et dégagé comme une belle esclave.

Et quand le poète eut considéré ces deux merveilleuses filles, il fut pris d’un éblouissement, d’un profond frémissement. Et, du coup, il oublia sa misère, ses tristesses, les privations de sa famille, et la cruelle réalité. Et il se crut transporté au milieu des délices du paradis, entre deux houris de choix. Et leur beauté lui fit regarder toutes les femmes passées, dont le souvenir lui restait, comme de laides pécores.

Quant au khalifat, après les hommages et les salams, il dit au poète : « Ô Ibn Abou-Atik, j’ai été impressionné par la description que m’a faite Abdallah de ton état précaire et de la misère où se trouvent plongés les tiens. Demande-moi donc tout ce que tu voudras ; et cela te sera accordé à l’heure et