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les mille nuits et une nuit

annoncé qu’il était porteur de la guérison. Et lorsqu’il fut introduit en présence du roi aveugle, il tira de dessous son manteau la plante miraculeuse, et la lui remit. Et le roi n’eut pas plutôt approché de ses yeux la rose marine, dont l’odeur et la beauté enlevaient l’âme des spectateurs, que ses yeux devinrent, à l’heure et à l’instant, lumineux comme des étoiles.

Alors, à la limite de la joie et de la gratitude, il baisa au front son fils Nourgihân et le serra contre sa poitrine, lui témoignant la plus vive tendresse. Et il fit publier par tout le royaume qu’il partageait désormais l’empire entre lui et son fils cadet Nourgihân. Et il donna les ordres nécessaires pour que, pendant une année entière, des fêtes royales fussent célébrées qui tinssent ouverte à tous ses sujets, riches et pauvres, la porte de la joie et du plaisir, et fermée celle de la tristesse et du chagrin.

Puis Nourgihân, redevenu bien-aimé de son père, qui pouvait désormais le regarder sans danger de perdre la vue, songea à replanter la rose marine, pour qu’elle ne mourût pas. Et, dans cette intention, il eut recours au genni de la forêt, qu’il appela en brûlant un des poils de la barbe. Et le genni lui bâtit, en l’espace d’une nuit, un bassin creusé à la profondeur de deux piques, dont le ciment était d’or pur et les fondements en pierreries. Et Nourgihân se hâta de planter la rose au milieu de ce bassin. Et elle fut un enchantement pour les yeux et un baume pour l’odorat…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.