Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/225

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les lucarnes… (l’inconvénient…)
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vie, aurait été mon intercesseur auprès de toi. Ô fils de ton père, souviens-toi de ton père ; et ne ferme pas ton cœur à la prière de la veuve abandonnée. »

Or, lorsque le khalifat Al-Mâmoun eut pris connaissance de cette lettre de Zobéida, son cœur fut ému de pitié et profondément remué ; et il pleura sur le sort funèbre de son frère El-Amîn et sur l’état lamentable de la mère d’El-Amîn. Puis il se leva, et répondit à Zobéida comme il suit :

« Ta lettre, ô ma mère, est arrivée à la place où il fallait qu’elle arrivât, et elle a trouvé mon cœur émietté de regrets sur tes malheurs. Et Allah m’est témoin que mes sentiments sont, pour la veuve de celui dont la mémoire nous est sacrée, les sentiments d’un fils à l’égard de sa mère.

« La créature ne peut rien contre les arrêts du destin. Mais j’ai fait de mon mieux pour atténuer tes douleurs. Je viens, en effet, de donner l’ordre de te restituer tes domaines confisqués, tes propriétés, tes biens et tout ce dont le sort contraire t’avait frustrée, ô mère. Et si tu veux revenir au milieu de nous, tu retrouveras ton état premier, et le respect et la vénération de tous tes sujets.

« Et sache bien, ô ma mère, que tu n’as perdu que le visage de celui qui est allé dans la miséricorde d’Allah. Car un fils te reste en moi plus attentionné que tu ne le saurais souhaiter.

« Et que la paix et la sécurité soient sur toi…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.