Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
la fin de giafar et des barmakides
235

au fond d’infects cachots, tandis que leurs immenses biens étaient confisqués et que leurs femmes et leurs enfants erraient sans asile, et sans que personne osât les regarder. Et les uns moururent d’inanition, et les autres par strangulation, excepté Yahia, son fils Al-Fadl, et le frère de Yahia, Môhammad, qui moururent dans les tortures. Qu’Allah les ait tous en Sa compassion ! Leur disgrâce fut terrible !


— Et maintenant, ô Roi du temps, si tu souhaites connaître le motif de cette disgrâce des Barmakides, et de leur fin lamentable, voici.

Un jour, la jeune sœur d’Al-Rachid, Aliyah, quelques années après la fin des Barmakides, se prit à dire au khalifat qui la caressait : « Ô mon seigneur, je ne te vois plus un jour de calme et de tranquillité réelle depuis la mort de Giafar et la disparition de sa famille. Pour quel motif prouvé ont-ils encouru ta disgrâce ? » Et Al-Rachid, assombri soudain, repoussa la jeune princesse, et lui dit : « Ô mon enfant, ma vie, le seul bonheur qui me reste ! que te servirait de le connaître, ce motif ? Si je savais, en effet, que ma chemise le connût, je la déchirerais en morceaux ! »

Or donc, les historiens et les maîtres des annales sont loin d’être d’accord sur les causes de cette catastrophe. Du reste voici les versions qui nous sont parvenues dans leurs écrits.

Selon les uns, ce sont les libéralités sans nombre de Giafar et des Barmakides, dont le récit fatiguait l’oreille même de ceux qui les avaient accep-