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la fin de giafar et des barmakides
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME NUIT

Elle dit :

… Car depuis quand l’amour a-t-il pu obéir aux exigences des censeurs ? Et le moyen qu’une pareille contrainte, entre deux êtres jeunes et beaux, ne soulève et ne remue pas les émotions et les désirs de l’amour ?

Et voici, en effet, que ces deux époux qui avaient le droit de s’aimer et de se laisser aller aux entraînements de leur mutuel amour si légitime, réduits maintenant à l’état de soupirants, s’enivraient chaque jour davantage de cette ivresse cachée qui concentre la fièvre au cœur. Et voici qu’Abbassah, tourmentée par cet état d’épouse séquestrée, devint folle de son mari. Et elle finit par informer Giafar de ce qu’elle avait d’amour. Et elle l’appela à elle, et le sollicita, en cachette, de toutes les manières. Mais Giafar, en homme loyal et prudent, résista à toutes les sollicitations et ne se rendit point chez Abbassah. Car il se sentait retenu par le serment prêté à Al-Rachid. Et, du reste, il savait, mieux que tout autre, combien le khalifat avait de hâte dans l’exécution de ses vengeances.

Lors donc que la princesse Abbassah vit que ses