Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
les mille nuits et une nuit

ladroitement dessus, et poussa un cri de douleur. Mais elle se rattrapa bien vite, pour ne pas se faire remarquer, et porta désormais toute son attention et tous ses soins à ne pas répéter le même mouvement, non seulement pour ne pas souffrir de la même douleur, mais aussi pour ne pas abîmer un dépôt qui lui était confié et qu’elle devait rendre en bon état à son propriétaire.

« Et, après quelques jours, le cortège arriva dans la ville de la fiancée. Et le mariage fut célébré en grande pompe. Et l’époux sut se servir à merveille de l’instrument que lui avait gracieusement prêté le genni, et le manœuvra si bien que la mariée devint enceinte, sans délai ni retard. Et tout le monde fut content.

« Or, au bout de neuf mois, la mariée accoucha d’un garçon charmant. Et lorsqu’elle se fut relevée de ses couches, son époux lui dit : « Il est temps que nous nous rendions dans mon pays, afin que tu voies ma mère, mes parents et mon royaume. » Il lui dit cela, mais, en réalité, c’était parce qu’il voulait, sans différer davantage, rendre au genni de la forêt le dépôt intact et bien portant, d’autant plus que, durant ces neuf mois de vie agréable, ce dépôt-là avait fructifié et s’était embelli et développé.

« Et la jeune épouse ayant répondu par l’ouïe et l’obéissance, on se mit en route. Et on ne tarda pas à arriver dans la forêt, séjour du genni maître de la marchandise. Et le prince s’éloigna de la caravane et se rendit à l’endroit où habitait le genni. Et il le trouva assis à la même place, visiblement fatigué et avec l’apparence d’une femme dont le ventre aurait