Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
les mille nuits et une nuit

beau que l’image de son rêve. Et, de son côté, le prince Jasmin vit que le derviche ne l’avait pas trompé, et que cette lune était la couronne des lunes. Et ils sentirent tous deux leur cœur fixé par les liens de la tendre amitié et de l’affection réelle. Et leur bonheur fut aussi profond que celui de Majnoun et de Leila, et aussi pur que celui des vieux amis.

Et, après les baisers très doux et les expansions de leur âme charmante, ils invoquèrent le Maître du parfait amour, pour que jamais le firmament tyrannique ne fît pleuvoir sur leur tendresse les pierres du trouble et ne déchirât la couture de leur réunion.

Ensuite, pour se mettre désormais à l’abri du poison de la séparation, les deux amants réfléchirent en tête-à-tête, et pensèrent qu’il fallait, sans retard, s’adresser au roi Akbar lui-même, qui, aimant sa fille Amande, n’avait rien à lui refuser.

Et donc, laissant son bien-aimé sous les arbres, la suppliante Amande alla trouver le roi, son père, et, les mains jointes, elle lui dit : « Ô méridien des deux mondes, ta servante vient te faire une demande. » Et son père, extrêmement étonné et charmé à la fois, la souleva de ses deux mains et la serra contre sa poitrine, et lui dit : « Certes, ô l’Amande de mon cœur, ta demande doit être d’une urgence extrême, puisque tu n’hésites pas à quitter ton lit, au milieu de la nuit, pour venir me prier de te l’accorder. Quoi qu’il en soit, ô lumière de l’œil, explique-toi sans crainte, confiante en ton père. » Et la gentille Amande, après avoir hésité pendant quelques instants, releva la tête et tint à son père ce discours habile, disant : « Ô mon père, excuse ta fille si elle