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les mille nuits et une nuit

bâton est solide, et son cœur est éprouvé. » Et le roi Akbar, qu’Allah avait doué de sagacité, s’aperçut aisément que l’adolescent que lui présentait sa fille Amande n’était point de l’espèce de ceux qui gardent les bestiaux. Et il fut en son âme intérieure plein de perplexité. Toutefois, pour ne point faire de la peine à sa fille Amande, il ne voulut ni s’appesantir ni insister sur ces détails, qui avaient leur importance. Et l’aimable Amande, qui devinait ce qui se passait en son esprit, lui dit d’une voix déjà prête à s’émouvoir, et avec des mains jointes : « L’extérieur, ô mon père, n’est pas toujours l’indice de l’intérieur. Et moi je t’assure que ce jeune homme est un berger de lions. » Et, bon gré mal gré, le père d’Amande, pour contenter cette aimable et charmante, mit sur son propre œil le doigt du consentement, et nomma le prince Jasmin, au milieu de la nuit, berger de ses troupeaux…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, selon son habitude, se tut.

Et sa sœur, la jeune Doniazade, qui était devenue une adolescente désirable à tous égards, et qui, de jour en jour et de nuit en nuit, se faisait plus charmante et plus belle et plus développée et plus compréhensive et plus silencieuse et plus attentive, se leva à demi du tapis où elle était blottie, et lui dit : « Ô Schahrazade, ma sœur, que tes paroles sont douces et savoureuses et réjouissantes et délectables ! » Et Schahrazade lui sourit, et l’embrassa et lui dit : « Oui, ma chérie, mais qu’est cela comparé à la suite que je vais raconter la nuit prochaine, si toutefois n’est point fatigué de m’entendre notre maître, ce Roi bien élevé et doué de bonnes manières ? » Et