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conclusion
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d’or rouge, et agrémentée, à même le tissu, de broderies figurant, dans leurs couleurs naturelles, des animaux ivres et des oiseaux pâmés. Et elle lui passa au cou un collier féerique. Et Doniazade devint ainsi, sous les doigts de sa sœur, plus belle que ne le fût jamais l’épouse d’Iskandar aux Deux Cornes.

Aussi, quand les deux rois furent sortis du hammam, et qu’ils se furent assis sur leurs trônes respectifs, le cortège de la mariée, composé des épouses des émirs et des dignitaires, se forma en deux rangs immobiles, l’un à droite et l’autre à gauche des deux trônes. Et les deux sœurs firent leur entrée, se soutenant l’une l’autre, pareilles à deux lunes en une nuit de pleine lune.

Alors s’avancèrent vers elles les plus nobles d’entre les dames présentes. Et elles prirent Doniazade par la main et, après lui avoir enlevé les habits qu’elle portait, elles la vêtirent d’une robe de satin bleu, de teinte ultramarine, qui enlevait la raison. Et elle fut semblable à la description que faisait d’elle le poète, en ces vers :

Elle s’avance vêtue d’une robe bleu ultra-marin, telle qu’on la croirait un morceau détaché de l’azur des cieux.

Ses yeux sont des sabres fameux, et ses paupières ont des regards pleins de sorcellerie.

Ses lèvres sont une ruche de miel, ses joues un parterre de roses et son corps une corolle de jasmin.

À voir la finesse de sa taille et sa charmante croupe arrondie dans la sécurité, on la confondrait avec la tige de bambou enfoncée dans le monticule de sable mouvant.

Et le roi Schahzamân, son époux, se leva et descendit la regarder, le premier. Et quand il l’eut admirée, ainsi vêtue, il remonta sur son trône. Et ce fut le signal du changement de robe. Et Schahrazade, aidée par les dames du cortège, revêtit sa sœur d’une robe de soie abricot.