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conclusion
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Elle apparaît comme la pleine lune dans la sérénité des nuits, et ses regards sorciers éclairent notre chemin.

Mais si je m’approche pour me réchauffer au feu de ses yeux, je suis repoussé par deux sentinelles, ses deux seins tendus, et durs comme la pierre.

Et Schahrazade la promena, à pas lents, devant les deux rois et devant toutes les invitées. Et le nouveau marié vint la regarder de tout près et remonta sur son trône, charmé. Et Schahrazade l’embrassa longuement, lui changea ses vêtements et lui passa une robe de satin vert broché d’or, semée de perles. Et elle lui arrangea symétriquement les plis, et lui ceignit le front d’un diadème léger où couraient des émeraudes. Et Doniazade, ce rameau de bân, cette camphorée fit le tour de la salle, soutenue par sa sœur chérie. Et elle fut un enchantement. Et le poète n’a point menti quand il a dit d’elle :

Les feuilles vertes, ô jeune fille, ne voilent pas d’une façon plus charmante la fleur rouge de la grenade, que ne te voile ta tunique verte.

Et je lui dis : « Ce vêtement, ô jeune fille, quel est son nom ? » Elle me dit : « Il n’a point de nom, c’est ma chemise. »

Et je m’écriai : « Ô ta merveilleuse chemise, qui nous perce le foie ! Je l’appellerai désormais : la chemise crève-cœur ! »

Puis Schahrazade prit sa sœur par la taille, et s’achemina lentement avec elle, à travers les deux rangs d’invitées et devant les deux rois, vers les appartements intérieurs. Et elle la déshabilla et la prépara et la coucha et lui recommanda ce qui était à lui recommander. Puis elle l’embrassa en pleurant, car c’était la première fois qu’elle se séparait d’elle pour une nuit. Et Doniazade