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histoire du gâteau échevelé…
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je n’y ajoute aucun crédit. Tiens ! attrape ta kenafa au miel de canne à sucre. Moi je n’en mange pas ! » Et, ce disant, elle lui jeta à la tête le plat de kenafa, contenant et contenu, et ajouta : « Lève-toi, maintenant, ô entremetteur, et va m’en chercher qui soit apprêtée au miel d’abeilles ! » Et, ajoutant le geste à la parole, elle lui asséna sur la mâchoire un coup de poing si désastreux, qu’elle lui cassa une dent de devant, et que le sang lui en coula sur la barbe et la poitrine.

À cette dernière agression de son épouse, le pauvre Mârouf, affolé et perdant enfin patience, eut un geste vif qui heurta légèrement la mégère à la tête. Et celle-ci, rendue encore plus furieuse par cette manifestation anodine de son souffre-douleur, se précipita sur lui et l’attrapa, à pleines mains, par la barbe, et se suspendit de tout son poids aux poils de cette barbe, en criant à plein gosier : « À mon secours, ô Musulmans ! Il m’assassine…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT SOIXANTE-UNIÈME NUIT

Elle dit :

… Et celle-ci, rendue encore plus furieuse par cette manifestation anodine de son souffre-douleur, se