Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
les mille nuits et une nuit

Mârouf, un imposteur de la plus mauvaise qualité, fussent exilés au loin, et qu’il fût nommé lui-même souverain de l’empire. Et il ajouta : « Du reste, si vous hésitez un instant à accepter le nouvel ordre de choses et à me reconnaître pour votre légitime souverain, je vous enverrai à l’instant, par l’effet de ma nouvelle puissance, rejoindre votre ancien maître et son gendre l’entremetteur dans le coin le plus sauvage du désert de la soif et de la mort rouge. »

Et il se fit ainsi prêter serment par tous les assistants, malgré leur nez, et nomma ceux qu’il nomma et destitua ceux qu’il destitua. Après quoi il envoya dire à la princesse : « Prépare-toi à me recevoir, car j’ai une grande envie de toi. » Et la princesse qui avait appris, comme les autres, les nouveaux événements, lui fit répondre par l’eunuque : « Certes ! je te recevrai volontiers, mais pour le moment j’ai le mal mensuel qui est naturel aux femmes et aux jeunes filles. Mais dès que je serai nette de toute impureté, je te recevrai. » Mais le vizir lui fit dire : « Moi, je ne veux aucun retard, et ne connais ni mal mensuel ni mal annuel. Et c’est tout de suite que je désire te voir. » Alors elle lui répondit : « Bien ! viens, dans un moment, me trouver. »

Et elle s’habilla le plus magnifiquement possible, et s’orna et se parfuma. Et quand, au bout d’une heure de temps, le vizir de son père eut pénétré dans son appartement, elle le reçut avec un visage content et réjoui, et lui dit : « Quel honneur pour moi ! Et quelle heureuse nuit va être celle-ci ! » Et elle le regarda avec des yeux qui achevèrent de subtiliser le cœur de ce traître. Et, comme il la pressait de se dé-