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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/11

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rons d’une écharpe de soie, et nous le transporterons, toi en marchant derrière moi et moi en te précédant, et cela cette nuit même ! Et tout le long de la route tu diras à voix haute : « C’est mon enfant ! Et celle-ci, c’est sa mère ! Nous sommes à la recherche d’un médecin qui le puisse traiter ! Où y a-t-il un médecin ? »

Aussi lorsque le tailleur entendit ces paroles, il se leva, prit le bossu entre ses bras et, précédé de sa femme, sortit de la maison. Et la femme, de son côté, se mit à dire « Ô mon pauvre enfant ! Puisses-tu te tirer de là sain et sauf ! Dis ! Où souffres-tu ? Ah ! cette maudite petite vérole ! Sur quelle partie de ton corps as-tu des éruptions ? » À ces paroles, chaque passant se disait : « C’est le père et la mère ! Ils portent leur enfant atteint de la petite vérole ! » et se hâtait de s’éloigner.

Quant au tailleur et à sa femme, ils continuèrent ainsi à cheminer, tout en s’informant du logis d’un médecin, jusqu’à ce qu’on les eût conduits à la porte d’un médecin juif. Alors ils frappèrent à la porte, et aussitôt une négresse descendit, ouvrit la porte et vit cet homme qui portait un enfant dans ses bras, et aussi la mère qui l’accompagnait. Et celle-ci lui dit : « Nous avons avec nous cet enfant que nous désirons faire voir au médecin. Prends donc cet argent, un quart de dinar, et donne-le d’avance a ton maître, en le priant de descendre voir mon enfant qui est bien malade. »

Alors la servante remonta ; et aussitôt la femme du tailleur franchit le seuil de la maison, fit entrer son mari et lui dit : « Dépose vite ici le corps du