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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/116

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les mille nuits et une nuit

l’as assommé à coups de bâton, aidé de tes serviteurs. Or, de ce pas je vais t’obliger à venir avec moi chez notre seul juge, le khalifat, à moins que tu ne préfères nous rendre sur-le-champ notre maître, et le dédommager des mauvais traitements que tu lui as fait subir, et nous le livrer sain et sauf, à moi et à ses parents. Sans quoi, je vais être forcé d’entrer dans ta maison par la force et de le délivrer moi-même. Hâte-toi donc de nous le rendre ! »

À ces paroles, le kâdi fut interloqué et plein de confusion et accablé de honte devant tous les assistants qui écoutaient. Mais il dit tout de même au barbier : « Si tu n’es point un menteur, tu n’as qu’à entrer toi-même dans ma maison, je te le permets, et à le chercher partout pour le délivrer ! » Alors le barbier se précipita dans la maison.

Quant à moi, qui assistais de la fenêtre, derrière le treillis de bois, à cette scène, lorsque je vis que le barbier s’était précipité dans la maison à ma recherche, je voulus m’enfuir. Mais j’eus beau chercher une issue, il n’y en avait pas à ma portée qui pût ne pas être aperçue par les gens de la maison ou qui ne fût pas à la portée du barbier. Je trouvai alors, dans une des chambres où je cherchais une issue, un grand coffre vide en bois, et je me hâtai d’y entrer me cacher, et je refermai le couvercle sur moi, et je coupai ma respiration.

Pour le barbier, lorsqu’il eut fureté dans toute la maison, il finit par entrer dans la chambre, dut regarder à droite et à gauche et apercevoir le coffre. Alors, le maudit, sans rien dire, comprit que j’étais là-dedans, prit le coffre, le chargea sur sa tête et