Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/16

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condamner à mort ce chrétien qui avait tué un musulman. Et il ordonna au porte-glaive, l’exécuteur des condamnés, de crier par toute la ville la sentence de mort du courtier chrétien. Puis il fit dresser la potence, et ordonna d’amener le condamné sous la potence. Alors vint le porte-glaive qui prépara la corde, fit le nœud coulant, le passa au cou du courtier et allait hisser, lorsque soudain l’intendant du sultan fendit la foule amassée, et se fraya un chemin jusqu’au chrétien debout sous la potence, et cria au porte-glaive : « Arrête ! c’est moi qui ai tué l’homme ! » Alors le wali lui dit : « Et pourquoi donc l’as-tu tué ? » Il dit : « Voici ! Cette nuit, en entrant dans ma maison, je l’ai vu qui s’était introduit chez moi en descendant de la terrasse, pour voler mes provisions. Et moi, je l’ai frappé à la poitrine avec un gourdin, et aussitôt je l’ai vu tomber et mourir. Alors je l’ai porté sur mes épaules et je suis venu au souk et je l’ai mis debout contre une boutique, à tel endroit, dans telle rue ! Malheureux que je suis ! Voici maintenant que j’allais être cause, par mon silence, de la mort de ce chrétien, après avoir moi-même tué un musulman ! Aussi c’est moi que l’on doit pendre ! »

Lorsque le wali eut entendu les paroles de l’intendant, il fit relâcher le courtier chrétien et dit au porte-glaive : « Tu vas tout de suite pendre cet homme-ci, qui vient d’avouer de sa propre bouche ! »

Alors le porte-glaive prit la corde qu’il avait d’abord passée au cou du chrétien, en entoura le cou de l’intendant, amena l’intendant juste sous la potence et allait le suspendre en l’air, lorsque tout à coup le méde-