Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
les mille nuits et une nuit

comme la première fois. Et alors mon frère, qui marchait derrière le nègre, sortit tout à coup le sabre de dessous sa robe, et d’une seule fois coupa net la tête du nègre. Au bruit de la chute, accourut la négresse, qui subit le même sort, puis l’esclave grecque, dont la tête vola d’un seul coup. Puis vint le tour de la vieille, qui accourait, prête à mettre la main sur le butin. À la vue de mon frère, le bras couvert de sang et le sabre à la main, elle fut épouvantée et tomba sur le sol ; et mon frère la prit par les cheveux et lui cria : « Me reconnais-tu, ô vieille putain, fille de putain, ô pourrie de malheur ? » Et la vieille répondit : « Ô mon maître, je ne te reconnais pas ! » Mon frère dit : « Sache donc, ô vieille avaleuse de zebbs, que je suis celui-là même chez lequel tu étais venu faire tes ablutions, ô cul de vieux singe ! celui que tu avais entraîné ici pour qu’il montât ta maîtresse et la satisfit, celui que tu avais traîné par les pieds pour le jeter dans le souterrain ! » Et, ce disant, mon frère, d’un seul coup de sabre, trancha la vieille et en fit deux morceaux ; puis, cela fait, il se mit à la recherche de la jeune femme qui avait par deux fois copulé avec lui.

Il la trouva bientôt, occupée à s’attifer et à se parfumer, dans une pièce retirée. À sa vue, elle jeta un cri terrifié et se précipita à ses pieds en implorant la vie sauve ; et mon frère, se souvenant des plaisirs vrais qu’elle lui avait procurés et qu’elle avait eus avec lui, lui accorda généreusement la vie sauve, et lui dit : « Mais comment se fait-il que tu sois au milieu de cette maison, sous la gouverne de cet horrible nègre que j’ai tué de ma main et qui a dû