Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le wali te dira que le bossu est mort et que son meurtrier est sur le point d’être pendu. En effet, le wali avait fait mettre le meurtrier sous la potence, et le porte-glaive allait l’exécuter lorsqu’on vit arriver un deuxième individu, puis un troisième, et chacun d’eux disait : « C’est moi seul qui ai tué le bossu ! » Et chacun d’eux racontait au wali le motif du meurtre. »

Lorsque le sultan entendit ces paroles, il ne put en entendre davantage, il cria et appela un chambellan et lui dit : « Descends vite et cours près du wali, et dis-lui de m’amener sur l’heure tout ce monde-là ! »

Et le chambellan descendit et arriva près de la potence, juste au moment où le porte-glaive allait exécuter le tailleur. Et le chambellan s’écria : «  Arrête ! » Puis il raconta au wali que cette histoire du bossu était parvenue aux oreilles du roi. Et il l’emmena, et il emmena aussi le tailleur, le médecin juif, le courtier chrétien et l’intendant, fit emporter également le corps du bossu, et s’en alla avec eux tous chez le roi.

Lorsque le wali se présenta entre les mains du roi, il se courba et baisa la terre, et raconta au roi toute l’histoire du bossu, dans tous ses détails, depuis le commencement jusqu’à la fin. Mais il est vraiment inutile de la répéter !

Le roi, en entendant cette histoire, s’émerveilla fort et fut pris d’une grande hilarité. Puis il ordonna aux scribes du palais d’écrire cette histoire avec l’eau d’or. Ensuite il demanda à tous les assistants : « Avez-vous jamais entendu une histoire pareille à celle du bossu ? »