Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
les mille nuits et une nuit

il fit venir tous les courtiers qui s’occupaient au souk de l’achat et de la vente des esclaves blanches et noires, et leur recommanda de faire toutes recherches pour lui trouver une jeune esclave telle que la voulait le roi, et leur dit : « Il faut, chaque fois qu’une esclave atteint au souk le prix d’au moins mille dinars d’or, que vous m’avisiez aussitôt ; et je verrai si elle peut convenir ! »

Et, en effet, désormais il ne se passa pas de jour que deux courtiers ou trois ne vinssent proposer une jolie esclave au vizir, qui, chaque fois, renvoyait et courtier et esclave sans faire d’achat. Il vit de la sorte, en l’espace d’un mois, plus de mille jeunes filles plus belles les unes que les autres, et capables d’infuser la vie à mille vieillards impotents. Et il ne pouvait se décider pour aucune d’entre elles.

Or, un jour d’entre les jours, le vizir Fadleddine allait monter à cheval pour se rendre auprès du roi et le prier d’attendre encore quelque temps qu’il se fût acquitté de la commission, quand il vit s’approcher vivement un courtier qu’il connaissait et qui, lui tenant l’étrier, le salua avec respect et récita ses deux stances en son honneur :

« Ô toi qui fais se rehausser la gloire du règne et se redresser le vieil édifice des ancêtres, ô toi le toujours victorieux grand vizir !

Par ta générosité et tes bienfaits, tu redonnes la vie aux miséreux et aux mourants ! Et toutes tes actions sont toujours bien agréées d’Allah, notre Seigneur ! »