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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/21

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passe un jeune homme, le plus beau qui se pût voir, et vêtu des habits les plus somptueux, et monté sur un âne sellé d’une belle selle rouge. Lorsque ce jeune homme me vit, il me salua ; et moi, je me levai aussitôt par égard pour lui. Alors il tira un mouchoir qui contenait une petite quantité de sésame, en échantillon, et me dit : « Combien vaut l’ardeb[1] de cette espèce de sésame-ci ! » Je lui dis : « Cela vaut bien cent drachmes. » Il me répondit : « Prends alors avec toi les hommes qui mesurent les grains et dirige-toi vers le khân Al-Gaonali au quartier de Bab Al-Nassr : tu m’y trouveras. » Puis il me laissa et s’éloigna, après m’avoir donné le mouchoir qui contenait l’échantillon de sésame.

Alors je me mis à faire le tour des marchands acheteurs de grains et je leur fis voir l’échantillon que, moi, j’avais estimé cent drachmes. Et les marchands l’estimèrent cent vingt drachmes pour chaque ardeb. Alors je fus dans la plus grande joie et je pris avec moi quatre mesureurs, et j’allai aussitôt retrouver le jeune homme qui m’attendait, en effet, au khân. Lorsqu’il me vit, il vint à moi et me conduisit à un magasin où se trouvaient les grains, et les mesureurs remplirent des sacs et mesurèrent les grains, qui montèrent en tout à cinquante mesures en ardebs. Et le jeune homme me dit : « Tu toucheras pour ta part de courtage dix drachmes par ardeb vendu à cent drachmes. Mais tu toucheras pour moi tout l’argent et tu me le garderas soigneusement

  1. Ardeb ou irdub : c’est la mesure arabe dite des arides, usitée encore aujourd’hui.