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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/221

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histoire de douce-amie et d’ali-nour
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Et à ces funérailles marchèrent tous les émirs, les vizirs, y compris le méchant Ben-Sâoui, qui fut, comme les autres, obligé de porter le cercueil, les hauts dignitaires, les grands du royaume et tous les habitants de Bassra, sans exception. Et au sortir de la maison mortuaire, le cheikh principal qui conduisait les funérailles récita en l’honneur du mort ces stances entre mille :

« Je dis à l’homme chargé de ramasser sa dépouille mortelle : Obéis à mon ordre, et sache que de son vivant il écoutait mes conseils.

Fais donc, si tu veux, sur son flanc couler l’eau lustrale ; mais prends soin d’arroser son corps avec les larmes répandues par les yeux de la Gloire, de la Gloire qui le pleure !

Loin de lui, les baumes mortuaires et tous les aromates ! Pour l’embaumer dignement, ne te sers que des parfums de ses bienfaits et de l’odeur douce de ses actions en beauté !

Et que, pour porter sa dépouille mortelle, les anges glorieux descendent du ciel lui rendre hommage ! Et qu’ils laissent leurs pleurs couler abondamment !

Inutile donc de fatiguer du poids de son cercueil les épaules des porteurs ; car déjà les épaules de tous les hommes sont fatiguées et harassées par le poids de ses bienfaits et par le lourd fardeau de bien dont il les a chargées de son vivant ! »

Après ces funérailles, Ali-Nour garda le deuil longuement, et resta longtemps enfermé dans sa maison, refusant de voir et d’être vu, et demeura