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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/236

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les mille nuits et une nuit

chands se regardèrent tous les uns les autres à la dérobée, et se firent des signes avec les yeux comme pour dire : « Soutenons Ali-Nour ! » et à haute voix ils dirent. : « En vérité, c’est une affaire qui ne nous regarde pas. Arrangez-vous tous deux comme vous le pourrez ! » Et Ali-Nour, qui, de son naturel, était plein de courage et d’audace, s’élança à la bride du cheval du vizir, saisit d’une main le vizir et l’arracha de la selle et le jeta à terre. Puis il lui mit un genou sur la poitrine, et se mit à lui donner des coups de poing sur la tête, dans le ventre et partout, et lui cracha à la figure, et lui dit : « Chien, fils de chien, fils adultérin, que ton père soit maudit, et le père de ton père et le père de ta mère, ô maudit, ô pourri ! » Puis il lui asséna encore un coup de poing très fort sur la mâchoire, et lui cassa quelques dents ; et le sang coula sur la barbe du vizir qui, d’ailleurs, était tombé juste au milieu d’une mare de boue.

À cette vue, les dix esclaves qui étaient avec le vizir mirent leur épée nue à la main, et voulurent fondre sur Ali-Nour et le massacrer et le mettre en morceaux. Mais toute la foule les en empêcha et leur cria : « Qu’allez-vous faire, et de quoi vous mêlez-vous ! Votre maître est un vizir, c’est vrai ; mais ne savez-vous pas que celui-ci est le fils d’un vizir aussi ! Et ne craignez-vous pas, imprudents, de les voir demain se réconcilier tous deux et alors de supporter, vous autres, toutes les conséquences ? » Et les esclaves virent qu’il était plus prudent de s’abstenir.

Mais, comme Ali-Nour s’était fatigué à force de