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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/240

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les mille nuits et une nuit

boue et amenez-les entre mes mains. Et les quarante gardes répondirent par l’ouïe et l’obéissance, et se dirigèrent sur l’heure vers la maison d’Ali-Nour.

Or, il y avait au palais du sultan un jeune chambellan d’entre les chambellans, nommé Sanjar, qui avait été d’abord mamelouk du défunt vizir Ben-Khacân, et avait été élevé avec son jeune maître Ali-Nour pour lequel il s’était pris d’une grande affection. La chance voulut qu’il se trouvât justement-là au moment de l’entrée du vizir Sâoui et de l’ordre cruel donné par le sultan. Et il courut en toute hôte, par des chemins raccourcis, jusqu’à la maison d’Ali-Nour qui, entendant la porte heurtée avec précipitation, courut aussitôt ouvrir lui-même. Et il reconnut son ami le jeune Sanjar et voulut le saluer et l’embrasser. Mais le jeune Sanjar, sans se laisser faire, lui dit : « Ô mon maître aimé, ce n’est point le moment des paroles amicales et des formules du salut ; car écoute ce que dit le poète :

» Ton âme libre, si pour elle tu redoutes la tyrannie des liens et l’esclavage dur, déracine-la et vole ! Vole au loin et laisse dans les villes s’écrouler les maisons sur ceux qui les ont bâties.

Ô mon ami, tu trouveras bien d’autres pays que ton pays, sur la terre d’Allah vaste à l’infini ! mais d’autre âme que ton âme tu ne trouveras pas ! »

Et Ali-Nour répondit : « Ô mon ami Sanjar, que viens-tu donc m’annoncer ? » Sanjar dit : « Lève-toi et sauve-toi et sauve l’esclave Douce-Amie. Car El-Mohin ben-Sâoui vient de vous tendre un filet où, si