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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/248

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les mille nuits et une nuit

amande douce et des fruits à amande amère ; il y avait même des abricotiers du Khorassan ; des pruniers aux fruits couleur des lèvres belles ; des mirabelles douces à enchanter ; des figues rouges, des figues blanches et des figues vertes d’un aspect admirable. Quant aux fleurs, elles étaient comme les perles et le corail ; les roses étaient plus belles que les joues des plus belles ; les violettes étaient sombres comme la flamme du soufre brûlé ; il y avait les blanches fleurs du myrte ; il y avait des giroflées et des violiers, des lavandes et des anémones. Toutes leurs corolles se diadémaient des larmes des nuées ; et les camomilles souriaient de toutes leurs dents au narcisse ; et le narcisse regardait la rose avec des yeux profonds et noirs. Le cédrat arrondi était comme la coupe sans anse ni goulot ; les limons pendaient comme des boules d’or. Toute la terre était tapissée de fleurs aux couleurs par milliers ; car le printemps était roi et dominait tout le bocage ; car les fleuves féconds s’enflaient, et les sources tintaient, et l’oiseau parlait et s’écoutait ; car la brise chantait comme une flûte, le zéphyr lui répondait avec douceur, et l’air résonnait de toute la joie !

C’est ainsi qu’Ali-Nour et Douce-Amie, avec le cheikh Ibrahim, firent leur entrée dans le Jardin des Délices. Et c’est alors que cheikh Ibrahim, qui ne voulait pas faire les choses à moitié, les invita à pénétrer dans le Palais des Merveilles. Il leur ouvrit la porte et ils entrèrent.

Ali-Nour et Douce-Amie s’arrêtèrent avec un éblouissement dans les yeux de toute la splendeur de cette salle inouïe, et de tout ce qu’elle avait en