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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/262

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les mille nuits et une nuit

rien vu, en beauté, en perfections, en finesse de taille, en charmes de toute sorte, comme cet adolescent et comme cette adolescente ! » Alors Giafar implora son pardon du khalifat, qui le lui accorda ; et il dit : « Ô khalifat, en vérité, tu as dit vrai. Ils sont fort beaux ! » Et le khalifat alors dit : « Ô Giafar, remontons donc tous deux, ensemble, sur l’arbre, et continuons à les observer de notre branche. » Et tous deux remontèrent sur l’arbre et s’assirent sur la branche, en face de la fenêtre, et ils regardèrent.

Justement en ce moment, le cheikh Ibrahim disait : « Ô ma souveraine, le vin des coteaux m’a fait rejeter au loin la stérile gravité des mœurs et leur laideur ! Mais mon bonheur ne sera complet qu’en t’entendant pincer les cordes d’harmonie ! » Et Douce-Amie lui dit : « Mais, ô cheikh Ibrahim, par Allah ! comment pincer les cordes d’harmonie si je n’ai point d’instrument à cordes ? » Lorsque le cheikh Ibrahim entendit ces paroles de Douce-Amie, il se leva debout sur ses deux pieds, et le khalifat dit à l’oreille de Giafar : « Qui sait ce qu’il va maintenant faire, ce vieux libertin ? » Et Giafar répondit : « Je n’en sais rien. » Cependant le cheikh Ibrahim, qui s’était absenté quelques instants, revint bientôt dans la salle en tenant à la main un luth. Et le khalifat regarda ce luth avec attention et vit que c’était justement le luth dont jouait d’ordinaire son chanteur favori, Ishâk, quand il y avait fête au palais ou simplement pour le distraire. Alors le khalifat dit : « Par Allah ! c’est trop ! Pourtant je veux bien entendre chanter cette adolescente merveilleuse ; mais si elle chante mal, ô Giafar, je